L’Institut Confucius présente du 30 novembre au 15 janvier, une exposition du poète-peintre Laoshu à découvrir à la Géothèque (14 rue Racine, 44000 Nantes – 02 40 74 50 36). Dans ce deuxième opus, Laoshu continue de nous promener dans son quotidien avec douceur et poésie. Découvrez les peintures d’un maître chinois.
Laoshu, ou « Vieil Arbre » en chinois, de son vrai nom Liu Shuyong, représente parfaitement la Chine d’aujourd’hui, un pied dans la tradition, un autre dans le XXIe siècle. Professeur à l’Institut des médias et de la culture de Pékin et critique d’art réputé, il poste sur son blog, chaque jour depuis 2011, une peinture accompagnée d’un poème. Ses abonnés se comptent par centaines de milliers.
Usant de certaines techniques traditionnelles vieilles de plusieurs siècles, dans une nouvelle forme de peinture d’inspiration lettrée, Laoshu introduit dans ses œuvres des objets appartenant au monde moderne : téléphones, minibus, avions… provoquant chez le public de savoureux télescopages temporels et induisant de nouvelles expériences visuelles.
Selon le spécialiste du confucianisme et du taoïsme Jean-Claude Pastor, qui a choisi et traduit les œuvres présentées dans l’ouvrage, chez Laoshu, « la simplicité n’est qu’apparente et voulue, elle cache une profonde réflexion sur le temps, l’image et l’esthétique ».
Le personnage qui habite le monde simple et tranquille de Laoshu s’appelle Monsieur Minguo. Il porte une longue robe à larges manches, à la façon des lettrés d’autrefois, et semble flotter dans un espace irréel et onirique, hors du temps. Bercé entre la fureur de vivre et la douceur des rêves, l’animation frénétique des gigantesques mégalopoles chinoises et la sérénité d’une nature restée intacte, l’artiste nous invite à l’accompagner dans sa fuite pour échapper aux pesanteurs du monde.
Adepte du style dépouillé et spontané des poètes de la période des Six Dynasties (IIIe-Vie siècle), Laoshu accompagne ses peintures de courts textes, le plus souvent en vers de six caractères.
Le personnage qui habite le “monde simple et tranquille” de Laoshu flâne le long des chemins de campagne, s’endort sous un arbre, pêche à la ligne, rêve dans sa chambre et se livre à des activités banales d’un œil subtilement railleur. Un “double littéraire” de l’auteur qui, s’il s’émerveille en promeneur solitaire devant la beauté de la nature, n’en est pas moins fin observateur de la société chinoise dont il ne se prive pas de moquer les excès. Il est ce flâneur désinvolte, ce rêveur malicieux qui prétend avec impertinence : “ en cette vie, je n’obérai qu’aux fleurs”. Il est aussi ce poète excentrique et nonchalant qui aime paresser longuement en caressant son chat et qui nous réconcilie avec nous-mêmes des quelques avanies et chagrins de l’existence.
A découvrir : Laoshu, Moi, mon chat et le plaisir des jours, Editions Philippe Picquier, 2020, 208 p. Présenté et traduit du chinois par Jean-Claude Pastor.