Xiao Xiao, poétesse et peintre, est née dans la province du Sichuan dans les années 1960. Ses premiers poèmes sont publiés en 1983. Elle édite en 1993 la série d’ouvrages «Chroniques de la poésie moderne chinoise». Parmi ses principaux ouvrages, on peut mentionner le long poème «Elégie pour un autre monde», considéré comme une œuvre emblématique de la poésie féminine chinoise des années 1990. Elle a obtenu de nombreux prix, dont récemment le prix Wen Yiduo, le prix «Jeunesse Moderne», etc. Ses écrits sont traduits dans de nombreuses langues, dont le français. Elle vit aujourd’hui à Pékin.
Zheng Xiaoqiong, poétesse-ouvrière, est née dans la campagne du Sichuan en 1980, et a quitté sa province pour trouver un emploi dans les usines de Dongguan en 2001. Elle a commencé à écrire de la poésie durant les 6 années où elle a travaillé dans une usine de pièces informatiques. A la surprise générale, elle a décroché en 2007 le prix littéraire décerné par «Littérature du peuple». Elle se distingue par son «esthétique du fer», une métaphore qui renvoie à la dureté d’une vie froide et sans merci.
EXTRAITS
Traduction : Chantal Chen-Andro – tous droits réservés
Au lieu profond où s’ouvre la fleur de grenade
cet après-midi, un instant imaginé
les grenades sont mûres, partout sur les branches
nous chuchotons, gardant une distance réelle
le lac du Tonnerre s’échappe du champ de vision
le dessein du Ciel sera révélé par les vies antérieures
la pluie d’orage soudain s’abat
perdure tout au long de l’après-midi
comme si elle perçait à jour toute chose
sur nos visages sereins
le danger partout se terre
et ce coeur que touche une sourde douleur
au lieu profond où s’ouvre la fleur de grenade, sans bruit se brise
Eux
Je me souviens de ces fers, rouillés par le temps
rouge léger ou marron foncé, larmes dans le feu
je me souviens à coté des machines des regards vagues et las
des prunelles insignifiantes, minuscules, comme le feu qui va mourant
de leur mélancolie, de leur affliction, avec encore un peu, un si petit peu d’espoir
avivé par les lueurs du feu, se déployant sur la blancheur du papier à dessins
ou entre les traits rouges du crayon à marquer, proche du maigre salaire mensuel
et d’un coeur un peu plus épuisé chaque jour…
Je me souviens de leurs visages, leurs regards troubles, de leurs infimes tremblements
De leurs doigts calleux, de leur vie simple et fruste
Je dis tout bas : ils sont moi, je suis eux
Notre tristesse, nos souffrances, nos espoirs sont silencieux, contenus
nos épanchements, notre être intime, nos amours tous versent des larmes
ont le mutisme et la solitude du fer, ou sa douleur
je le dis, au sein de cette grande foule, nous sommes identiques
ayant amours, haines, respirations, ayant un coeur noble
ayant solitude et compassion d’acier
Concours de traduction de poésie
À l’occasion du « Printemps des poètes », les Instituts Confucius organisent un concours de traduction de poésie. Une sélection de 7 poèmes est proposée aux candidats, qui doivent choisir et traduire en français un ou plusieurs poèmes chinois contemporains.
Les candidats sont invités à traduire des poèmes de Zheng Xiaoqiong. Les poèmes proposés sont extraits de trois recueils différents, représentatifs de l’évolution du style de Zheng Xiaoqiong. Nous avons choisi deux à trois poèmes dans chacun de ces trois recueils. Les candidats sont libre de choisir le ou les poèmes qu’ils souhaitent traduire.